Nous tenions à relayer la situation inadmissible à laquelle a fait face une travailleuse de notre secteur.
Malheureusement, ce type de parcours n’est plus une exception mais dans notre travail syndical quotidien, nous sommes de plus en plus confrontés à de telles situations.
Que ce gouvernement et les grands patrons, avec la complicité de certains grands médias, font l’impasse sur de telles réalités est une réalité insupportable.
Nous n’acceptons plus cette vie où la précarité se généralise alors que certains s’enrichissent sans limite sur notre dos.
Tout ceci doit cesser et nous nous engageons à lutter encore plus durement afin d’éviter que plus d’entre nous ne tombent encore plus bas!
Nous vous invitons à découvrir le récit de Stéphanie (nom d’emprunt).
Militant ALR : Bonjour Stéphanie, merci d’avoir accepté cette petite interview.
S: Sans problème, peux-tu ne pas mettre mon nom s’il te plaît?
Militant ALR: Oui, bien sûr ne t’inquiète pas.
Militant ALR : Quel âge as-tu et d’où viens-tu?
S: J’ai 34 ans, je suis née à Bruxelles.
Militant ALR : De quel milieu social viens-tu?
S: Je suis du milieu ouvrier.
Militant ALR : Que faisaient tes parents?
S: Ma mère était femme de ménage et mon père chauffeur routier, il est décédé quand j’avais 4 ans.
Militant ALR : Tu as des frères et soeurs?
S: J’ai 2 frères, mais je n’ai plus de contact avec eux.
Militant ALR : Lorsque nous nous sommes rencontrés, tu m’as expliqué que tu étais SDF tout en étant travailleuse en CDD dans notre commune…
Depuis combien de temps vis-tu cette situation de SDF?
S: 3, 4 ans à peu près.
Avant j’habitais à (…) qui est une commune à facilités, j’avais un appartement pas cher du tout, mais pour trouver du boulot même comme femme de ménage il fallait parler le néerlandais.
Ensuite j’ai déménagé en région bruxelloise, j’avais un travail, mais je l’ai perdu assez rapidement, j’étais seule et sans possibilité de continuer à payer le loyer.
Militant ALR : Lorsque tu as perdu ton logement, tu ne pouvais pas trouver un peu d’aide auprès de ta famille, de ta mère par exemple?
S: Non, enfin, je suis passé quelques fois pour manger, mais elle est très âgée, elle a aussi ses soucis et je ne lui raconte pas tous mes problèmes, voilà.
Et puis je voulais me débrouiller, je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué.
Puis j’ai travaillé comme intérimaire, enfin voilà, je me suis toujours débrouillé.
Militant ALR : En résumé tu travailles et tu ne gagnes pas assez pour louer un appartement…
S: oui c’est ça
Militant ALR : Tu fais comment pour dormir, te laver?
S: Au début, je dormais un peu partout chez des copains, des copines, mais bon ça ne dure pas. J’ai dormi dans une cave pendant tout un temps.
Pour me laver j’utilise la salle de sport, des douches publiques comme dans les piscines. des fois, je dormais un peu à l’hôtel.
Je fais du troc aussi avec des gens, ils me lavent mes vêtements contre des services, comme du nettoyage, tondre la pelouse, faire des courses.
Militant ALR : Tu vas dans les centres spécialisés pour les SDF?
S: Ah non, surtout pas, les types sont souvent bourrés du matin au soir. Comme fille ça peut être dangereux, il y a beaucoup de violence à cause de l’alcoolisme et de la drogue, j’ai été deux fois, j’ai compris.
Militant ALR : Tu m’as dit que tu avais une adresse via le CPAS, quel est son rôle?
S: Ca m’a permis d’avoir une adresse administrative, j’ai demandé pour un logement, mais il y a une liste d’attente et des conditions, je me suis inscrite aux logements sociaux et j’ai demandé un appartement de transit. Comme je suis seule, je ne suis pas prioritaire.
Militant ALR : La CGSP a attiré l’attention des autorités sur ton cas et récemment tu as été reçue par la responsable de l’AIS (agence immobilière sociale), tu peux en dire plus?
S: J’ai été reçue très gentiment et je vais visiter un appartement dans les prochains jours, je suis super contente.
Aujourd’hui, Stéphanie n’est plus SDF, elle habite un petit appartement social et elle doit commencer un nouveau contrat de travail à la commune pour l’été.
Son histoire est révoltante et malheureusement tellement ordinaire.
Parcours ordinaire auxquels des dizaines de milliers de militants dans le pays sont confrontés tous les jours.
Et certains s’étonnent encore de notre colère, de notre volonté de changement, de notre volonté d’arrêter la casse sociale qui nous amène à de telles situations?
Et oui Messieurs du gouvernement, messieurs les patrons, vous qui vivez dans vos tours d’ivoire, nous sommes en colère !
Nous luttons tous les jours et nous continuerons à lutter tant que l’ensemble des travailleurs ne peut pas vivre et travailler dignement !
Parole de syndicalistes !