La CGSP, une longue Histoire…

La Centrale Générale des Services Publics (CGSP),

créée le 19 août 1945, est un syndicat qui affilie toutes les catégories de personnel qui travaillent dans le secteur public et assimilé. Chaque travailleur, qu’il soit employé ou ouvrier, peut s’affilier à un des dix secteurs de la CGSP qui correspond à sa spécificité professionnelle.

Ces secteurs sont repris dans l’organisation générale qui regroupe, fait unique au monde, en un seul syndicat tous les travailleurs du secteur public.

La CGSP est une organisation fédérale qui regroupe 3 interrégionales : L’interrégionale de Bruxelles (IRB-BIG), l’interrégionale flamande (VLIG-ACOD) et l’interrégionale wallonne (IRW-CGSP).

Un peu d’Histoire…

Au 19ème siècle, avec l’extraordinaire expansion industrielle que connaît la Belgique, la classe ouvrière est précipitée vers une pauvreté extrême. Les conditions de travail sont misérables et la survie devient une lutte. Avant 1887, il n’existe quasi aucune législation sur le travail. Un ouvrier sur trois travaille 12h par jour et le repos dominical n’est pas généralisé. Les salaires sont misérables, et celui qui ne peut travailler pour cause de maladie, d’accident de travail ou de vieillesse, ne dispose d’aucune protection. L’analphabétisme est généralisé et l’instruction non obligatoire. Le syndicalisme est considéré comme antisocial et la grève sévèrement réprimée.

Néanmoins, face à ces difficultés, quelques mouvements de solidarité voient le jour. Il s’agit principalement de caisses de solidarité, qui se concentrent uniquement sur la défense des salaires de leurs membres.

 

Vers les premières lois sociales

Les années 1880 s’accompagnent d’une grave dépression économique mondiale, et avec elle la surproduction, la dégringolade des salaires, une sévère baisse du taux d’emploi et la mécanisation de la production. L’appauvrissement généralisé de la classe ouvrière va entraîner l’activité syndicale.

En 1885, 59 sociétés ouvrières fondent le Parti ouvrier belge (POB), dont la principale revendication est l’obtention du suffrage universel. A la même époque, plusieurs grèves s’organisent dans le pays.

Le mouvement prend une tournure violente, en particulier à Roux, où les émeutes réprimées par l’armée finissent dans un bain de sang. Le bilan est lourd : 24 tués, 26 blessés et de lourdes condamnations prononcées à l’encontre des grévistes.

A la suite de ces événements, le gouvernement organise un état des lieux de la condition ouvrière. Les conclusions de la commission d’enquête déboucheront sur un certain nombre de réformes : l’abolition du travail pour les enfants de moins de 12 ans et la limitation du travail dans les mines pour les femmes de moins de 21 ans.

 

Fondation de la Commission syndicale

En 1893, le POB obtient le suffrage universel tempéré par le vote plural : tous les hommes de plus de 25 ans obtiennent le droit de vote, mais certaines conditions – liées à la fortune de l’individu – donnent droit à deux, voire trois voix. En 1898, le POB fonde la Commission syndicale, qui a pour vocation d’unifier et rassembler, sous la bannière socialiste, de nombreuses et diverses organisations ouvrières.

Avant la première guerre mondiale, les avancées sont faibles, mais les années 1900 voient l’ébauche d’un système de pension se mettre en place.

Avant 1908, le droit d’association n’existe pas pour les travailleurs des services publics.

Jusqu’en 1910, l’histoire de la CGSP s’imbrique dans celle de la Commission syndicale du Parti Ouvrier belge (POB).

Entre 1908 et 1921 (année où la liberté d’association est réellement reconnue) et durant l’entre-deux guerres, la plupart des syndicats affiliés à la commission syndicale se constituent en « Centrales nationales ».

Les travailleurs des services publics sont rassemblés dans les centrales nationales suivantes :

  • La Centrale des services publics , composée des ouvriers des services communaux, concédés et provinciaux (premier syndicat fondé en 1912).
  • Le Syndicat national des CPTTMA , qui regroupe les travailleurs des chemins de fer, des postes , télégraphes et téléphones, de la marine civile et de l’aéronautique civile
  • Le Syndicat national du département des finances
  • La Centrale belge du personnel des tramways, vicinaux et autobus,
  • La Centrale belge des Travailleurs des services publics réunit les travailleurs des ministères, des provinces , des communes, du gaz et de l’électricité.
  • La Centrale du personnel enseignant socialiste, pour les enseignants
  • et le Syndicat national du personnel civil de la défense nationale.

Ces organisations sont affiliées au syndicat belge et composent, dès 1922, l’Intersyndicale des services publics belges.

Juste après la seconde guerre mondiale, apparaissent le Syndicat général des services publics, la Fédération belge des syndicats unifiés et le Mouvement syndical unifié.

En 1945, ils décident de fusionner pour unir leurs forces et constituer la grande Centrale actuelle que vous connaissez :

LA CENTRALE GENERALE DES SERVICES PUBLICS, la CGSP.

Quelques dates…

L’histoire de la CGSP ne peut être abordée en dehors de celle de l’ensemble du monde ouvrier.

De 1789 à 1875

Avant 1800 existaient seulement le travail artisanal, les corporations, les guildes, les associations de compagnons mais pas de réelles organisations professionnelles.

L’invention de la machine à vapeur (première introduction en Belgique en 1735) permet le recours à d’autres méthodes de production. La mécanisation fait ainsi son apparition: les entreprises comptent moins de travailleurs, les conditions de travail et de vie sont inhumaines.

1789 : Révolution brabançonne . Seules les associations de compagnons prônent des augmentations salariales, la réduction du temps de travail et le paiement des heures supplémentaires.

La loi « Le Chapelier » de 1791 interdit toute réunion de gens de métier, patrons comme ouvriers, ainsi que toute association et coalition. toutefois

En matière de salaire, la loi prévoit que « le patron est cru sur son affirmation ! »

Très rapidement, des associations qui souhaitent se protéger du patronat sont fondées. Elles constituent le prolongement des anciennes associations de compagnons, avec toutefois une sensibilité sociale et une solidarité beaucoup plus poussées (imprimeurs à Gand – 1806, cordonniers d’ Izegem- 1807, fileurs de coton de Gand – 1810, compagnons imprimeurs à Bruxelles – 1816, etc.)

En 1802, le livret ouvrier, véritable permis de travail laissé à l’appréciation unique du patron, est rendu obligatoire.

En 1813, l’âge minimum pour le travail des enfants dans les mines est ramené à 10 ans.

En 1841, création du syndicat pour les mineurs du Centre (Hainaut)

IL EST OFFICIELLEMENT ADMIS QUE LES PREMIERES ORGANISATIONS SYNDICALES PROFESSIONNELLES ,LES SYNDICATS CONTRE L’EXPLOITATION,ONT ETE CREEES A PARTIR DE 1842.

1849 : Première grève organisée des ouvriers du textile à Gand

1859 : Crise économique.

Premier syndicat d’ouvriers de fabrique des tisserands et de fileurs de Gand

    • Association de quelques mutualités du milieu artisanal et tentative de création d’associations professionnelles à Bruxelles.

Apparition des syndicats de métallurgistes

1860 : Les syndicats des métallurgistes se rassemblent au sein de l’union des travailleurs.

1864 : A Londres, la première internationale : l’A.I.T (Association Internationale des Travailleurs) voit le jour.

1865 : Création à Verviers de la section belge de la Première Internationale dont les propagandistes contribuent à la diffusion des idées socialisantes et sont à l’origine de diverses initiatives syndicales.

Tous ces mouvements sont souvent de nature éphémère, car l’opposition du patronat est forte et la gendarmerie ainsi que l’armée interviennent très souvent.

De 1876 à 1898

1880 : Élection des premiers conseillers communaux socialistes à Bruxelles

1885 : Fondation du Parti Ouvrier Belge (POB).

A partir de ce moment-là, le POB n’a de cesse d’essayer de créer plus de syndicats et s’efforce surtout de les centraliser.

1886 : Importantes émeutes à Liège, grève générale et emprisonnement des meneurs.

    • Alfred Defuisseaux publie son « Catéchisme du peuple  » (260.000 exemplaires) afin d’exhorter les travailleurs à s’organiser pour obtenir le suffrage universel.

1888 : Loi portant création de l’inspection du travail

1889 : Limitation du travail des femmes et des enfants

1890 : Célébration de la fête du Travail.

En Belgique, ce jour ne deviendra férié qu’en 1947.

1893 : Après une grève très dure menée par le POB (13 ouvriers y trouvent la mort) loi sur le droit de vote plural

1894 : Déclaration de principe (charte) de Quaregnon. Élection de 28 députés socialistes.

1895 : Loi sur les mutualités.

1896 : Règlement d’atelier obligatoire.

1898 : loi sur les associations professionnelles : cette loi stipule à quelles conditions les syndicats peuvent obtenir une personnalité juridique. Elle démantèle non seulement le POB mais aussi les syndicats déjà existants.

Le POB refuse la personnalité juridique.

Entre-temps, les meneurs socialistes gagnent en influence et c’est sous leur pression que ce que nous connaissons sous le nom de législation sociale a commencé à poindre.

Le Congrès du POB ( à Verviers) décide de la création d’une commission des Syndicats.

De 1899 à 1914

1900 : Premières élections selon le système de la représentation proportionnelle

1904 : Congrès de Noël : jusqu’à présent, l’influence exercée par le POB sur la commission syndicale était très grande. A partir de cette date, les syndicalistes élisent eux-mêmes les membres de leur bureau.

1905 : Le repos dominical est instauré.

1906 – 1907: les congrès syndicaux de ces années proposent de nouveaux statuts et les syndicats non affiliés au POB obtiennent des avantages en terme de représentation au bureau.

    • La commission syndicale devient  » Commission syndicale du POB et des syndicats indépendants  » marquant ainsi son indépendance par rapport au parti.

1908 : Une certaine liberté d’association permet à toutes les catégories de travailleurs de former des associations. Constitution par le père Rutten de la confédération des syndicats chrétiens.

1909 : La durée du travail dans les mines est ramenée à 9 heures par jour.

1910 : Un gouvernement réactionnaire muselle la liberté d’association.
1911 : La plupart des syndicats affiliés à la CS du POB se constitue en « Centrales nationales ».
1912 : La CENTRALE DES SERVICES PUBLICS est fondée le 1er janvier par les ouvriers des Services Communaux concédés et Provinciaux. Elle publie régulièrement « LA TRIBUNE DES SERVICES PUBLICS ». Ses effectifs : 4.7 63 membres.

1914 : Loi sur l’enseignement obligatoire de 6 à 14 ans.

De 1915 à 1944

1914 – 1918 : Première guerre mondiale

1916 : « L’ETINCELLE » paraît. C’est l’organe de presse de la Centrale du personnel enseignant socialiste.

1917 : Révolution russe : les  » ouvriers  » prennent le pouvoir .

Cette révolution marque la première expérience d’un état socialiste.

Le Syndicat National des CPTTMA est créé et regroupe les travailleurs des secteurs : Chemins de Fer, Postes, Télégraphe, Téléphone, Marine, Aéronautique.

1918 : Journée des 8 heures légale + liberté syndicale ,

      • Société nationale des habitations à bon marché .
      • Publications syndicales :

« LE RALLIEMENT » du Syndicat National des CPTTMA.
« LA TRIBUNE » du Syndicat National du Département des Finances de Belgique (SNDF).
« LE TRAM BELGE » de Ia Centrale Belge du Personnel des Tramways Vicinaux et Autobus.
1919 : Le POB envoie 70 députés à la Chambre et le suffrage universel – un homme, une voix – est instauré pour les hommes. (Les femmes devront attendre 1948 pour l’obtenir).
La Centrale du Personnel Enseignant Socialiste s’organise et adopte de nouveaux statuts.
Création du Syndicat du Personnel civil de la guerre(qui deviendra, dès 1922,le Syndicat du Personnel civil de la Défense Nationale).
Des accords sont conclus avec les syndicats des Services Publics, des Employés et du Personnel Enseignant pour présenter et défendre en commun les revendications.

1920 : Le Syndicat National des CPTTMA absorbe le Syndicat National du Département des travaux Publics.
Création de la Société Coopérative « La Maison des Huit Heures ».

    • 1921 : Instauration de la journée de travail de 8 heures.

 

        • La liberté d’association est autorisée par la loi , d’où la reconnaissance des syndicats est un fait
  • Le large éventail de grandes mais surtout de petites organisations se structure sur le plan national et passe à 31 centrales syndicales nationales (24 en 1937 et 16 en 1946).
    • Le mouvement syndical passe de 129.000 affiliés en 1914 à 690.000 en 1921.
    • 1924 : La pension de vieillesse est reconnue.
      1925 : Création dans chaque commune d’une Commission d’assistance publique (qui deviendra le CPAS en 1976)

 

    • 1928 : Le système d’indexation est appliqué.
    • 1929 : La grande crise et les politiques déflationnistes.
    • 1930 : Les allocations familiales deviennent obligatoires.
    • 1933 : En Allemagne, Hitler accède au pouvoir
    • 1935 : L’Office national de placement et de chômage est mis en place.
    • La scolarité est obligatoire jusque 16 ans.
    • Semaine de 40 heures dans les mines.
      1936 : Après une grève générale qui mobilise un million et demi de travailleurs : premiers congés payés  d’une semaine
      • La Conférence Nationale du Travail (CNT) est créée.
  • 1937 : Plan De Man (plan pour le travail) qui constitue l’alternative socialiste pour lutter contre la crise économique.
      • En décembre, la Commission syndicale se mue en Confédération Générale du Travail de Belgique (CGTB). Plus qu’un simple changement de nom, c’est une nouvelle conception de l’organisation syndicale qui voit le jour en s’émancipant définitivement du mouvement politique.
  • 1940 : Seconde guerre mondiale :
      • Les activités sont limitées puisque les grèves sont interdites et que les activités politiques sont jugulées. Dans la clandestinité, des dirigeants CGTB et des militants créent des comités de luttes contre le nazisme.
      • Des contacts visant à la création d’un seul grand syndicat sont organisés dans les coulisses, syndicat dans lequel le personnel des services publics serait également représenté.
  • 1942 : Les instituteurs, les postiers et les fonctionnaires fondent dans la clandestinit le syndicat général unifié des services publics ( SGUSP).

De 1945 à aujourd’hui

1945 : Fondation ,en avril, de la Fédération Générale des Travailleurs de Belgique (FGTB) qui succède à la CGTB.

Le 18 août 1945, les syndicats du personnel des services publics fusionnent en une grande centrale : la Centrale Générale des Services Publics – l’actuelle CGSP – qui se dote d’une déclaration de principe.

 

1948- Les femmes obtiennent le droit de vote.

1950 : La Question royale amorce le démarrage du mouvement fédéraliste mené au niveau syndical par le syndicaliste liégeois André Renard.

Les années qui vont suivre seront surtout marquées par la création de la sécurité sociale et par le développement de la concertation sociale. Le syndicat dispose de son propre programme socio-économique qui donne notamment un rôle prépondérant aux pouvoirs publics.

1960 – La grève du siècle contre la Loi unique est initiée et particulièrement suivie dans les services publics car la loi veut instaurer des mesures d’austérité et des menaces sur les pensions des agents des services publics. Si cette grève atténue les impacts de cette loi, elle n’en efface pas pour autant tous les effets.

Cette grève prend rapidement une orientation fédéraliste et les lois de régionalisation de 1980, 1988 et 1993 concrétisent ces aspirations.

Les dix années suivantes sont connues comme les « Golden Sixties » : tout semble marqué du sceau du progrès .

Les événements de mai 1968 ont été porteurs d’une autre conception de société, d’un autre mode de pensée et d’une autre façon d’agir.

1973 : début de la crise économique. Le prix du pétrole ne cesse de grimper. Les entreprises font faillite et la dette de l’État prend une ampleur incroyable.

1980 : Lois de régionalisation.

Naissance des régions wallonne et flamande

1983 : Percée du néolibéralisme dans toute l’Europe

    • Grève générale en septembre dans les services publics contre les mesures d’austérité du gouvernement CVP-VLD-PRL-PSC
    • Les différents gouvernements menés par Martens mettent en place des processus de démantèlement des acquis de la sécurité sociale qu’ils justifient comme le seul moyen d’atténuer la dette publique. Le chômage reste toutefois assez élevé et le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer. Les entreprises continuent de mettre la clé sous le paillasson et la dette de l’état ne connaît qu’une très faible diminution.

1986 : En mai, grève des travailleurs des services publics contre les mesures d’assainissement prises par le gouvernement dans le cadre des pouvoirs spéciaux.

1988 : De nouvelles compétences sont attribuées aux Régions. Bruxelles devient une Région à part entière.

Le changement de gouvernement et de cap fait surgir des espoirs marqués notamment par une brève reprise et une légère diminution du taux de chômage.

Les nouvelles technologies, la modification de comportement du capital, l’unification du marché européen introduisent une période visant au maintien des acquis. Alors qu’auparavant, l’ouvrier était exploité par le patronat, il est maintenu exclu par le capital de manière sélective.

1989 : éclatement de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques

1993 : Nouvelle phase de la réforme de l’État : la Belgique est un État fédéral.

2002 : L’euro remplace le franc belge

2013 : Adoption de la 6e réforme de l’État. Les Belges sont plus divisés que jamais. Depuis que la fédéralisation du pays est en marche, les citoyens du nord et du sud (et de Bruxelles et de la communauté germanophone) vivent de plus en plus différemment.

Et aujourd’hui?

Grâce aux luttes des travailleurs de notre pays, mais aussi grâce aux luttes semblables qui se sont déroulées dans de nombreux pays du monde, les relations sociales se sont modifiées.

Dans notre pays, la légitimité des organisations syndicales a été reconnue, leur ouvrant ainsi, à côté du monde patronal et des pouvoirs politiques, le droit à la concertation et à la négociation au sein de divers organes.

Néanmoins, aujourd’hui : de nombreuses situations d’exclusion des ouvriers et des employés perdurent. Les nouveaux besoins et les nouvelles techniques industrielles provoquent la poursuite de la hausse du chômage. Des menaces pèsent à nouveau sur la sécurité sociale et le patronat comme certains courants politiques de droite, essaie de contraindre les ouvriers et employés à opter, notamment pour la semaine de quatre jours avec perte de salaire, plutôt que de prendre en compte les revendications de la FGTB visant à réduire le temps de travail et à procéder à des embauches compensatoires.

ORGANISEZ VOUS, SYNDIQUEZ-VOUS, REJOIGNEZ LA CGSP ALR !