AFFAIRES PRIVEES, AFFAIRES PUBLIQUES!
« Rien n’est plus dangereux que l’influence des intérêts privés dans les affaires publiques… » écrivait dès 1760 le philosophe français, Jean-Jacques ROUSSEAU, dans son ouvrage « Du contrat social ».
Cette affi rmation se vérifie ces dernières décennies au gré des crises successives
générées par le (néo)libéralisme et sa recherche effrénée du profit. Dernier exemple en date, celle créée par la finance et les banquiers.
La main sur le coeur, nos « éminences » politiques promettaient de tout mettre en
oeuvre pour en finir avec ces soubresauts qui mettent à mal nos sociétés et leurs habitants. On évoquait une règlementation des marchés, un contrôle des spéculateurs et pourquoi pas des sanctions envers les banquiers. Tout pour retrouver les milliards d’euros publics soustraits au bien-être général pour sauver le système.
Au lieu de cela, règne de la pensée unique triomphante, le remède miracle proposé
s’appelle compétitivité. Jusqu’à maintenant limitée aux entreprises, on l’impose aux villes, aux régions, aux états. Sans compétitivité, pas de salut ! Et pour mieux en convaincre les masses laborieuses, économistes, chefs d’entreprise, politiques, syndicalistes, organes de presse reprennent en choeur cette antienne.
Mais être compétitif, c’est entrer en concurrence, avoir des adversaires, entrer en
compétition. Soit tout le contraire d’une société égalitaire, solidaire et fraternelle.
Clairement, les seuls bénéficiaires resteront les patrons et le capital. La compétitivité n’est pas un processus gagnant pour les travailleurs.
Exemple : l’Allemagne a accru sa compétitivité par une stagnation salariale et
la création d’une TVA « sociale » (la réduction des cotisations patronales a été compensée
par une augmentation de la taxe sur la consommation des ménages). Un chômeur
allemand ne peut pas refuser un emploi même si le revenu offert est inférieur à l’allocation chômage !
Ailleurs, c’est l’âge de la pension qui est relevée et en Belgique, les conditions de
pension anticipée ont été durcies ce qui de facto maintiendra le travailleur plus longtemps en service.
Le but poursuivi : mettre plus de travailleurs en concurrence car ainsi ils auront moins de
valeur sur le marché du travail et la pression sur les salaires pourra s’exercer.
Avec en corollaire, des rentrées fiscales moindres et une protection sociale qui
s’ajustera à la baisse avec le détricotage des acquis sociaux : austérité perpétuelle ???
Il est plus que temps que le monde politique se reprenne au service du bien public, retrouve la maîtrise de son rôle, s’affranchisse de ces prétendus spécialistes (OCDE, FMI, agences de notation) qui l’influence au point de lui interdire d’apporter des solutions sociales justes.
Aux vieilles recettes néolibérales – réduction des dépenses sociales, privatisation des
services publics, pression fiscale accrue- osons remettre au goût du jour une revendication « oubliée » par nos états-majors syndicaux : répartir le travail disponible en réduisant le temps de travail 32 heures sans perte de salaire.
Préparons-nous à la contre-offensive.
Stop au dumping social !
Patrick DELMARQUETTE