RÉDUCTION COLLECTIVE DU TEMPS DE TRAVAIL SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES.
La diminution d’une journée de travail, concertée avec les syndicats, tout en maintenant un salaire garanti et en engageant du personnel n’est pas une utopie mais une démarche logique qui s’inscrit parfaitement dans la continuité des luttes menées depuis 150 ans par les travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions de travail.
Les avantages dépassent largement les arguments avancés par le patronat liés à une perte de compétitivité ou à une délocalisation possible.
Tout d’abord, une plus juste répartition des richesses via une embauche compensatoire et une diminution du nombre de chômeurs augmentera la cohésion sociale et améliorera fortement le vivre ensemble.
Les travailleurs ne passeront plus leur temps à avoir peur de la menace du chômage brandie actuellement par le patronat en toute occasion : ils augmenteront ainsi considérablement le rapport de force en leur faveur dans les négociations intersectorielles.
Ensuite, l’utilité économique et sociale d’une telle mesure n’est plus à démontrer : potentiellement on pourrait engager 500.000 personnes via ce système de réduction collective du temps de travail. En effet, les travailleurs produisent 5 fois plus qu’il y a 30 ans mais ces gains de productivité créés doivent servir à diminuer le temps de travail de toutes et tous et non être la cause du chômage de masse, qui permet au patronat de garder les salaires bas et de dégrader les conditions de travail.
La généralisation des 32 heures par semaine en 4 jours serait également une manière de lutter contre les temps partiels individuels et non désirés par les travailleurs. Un moyen donc de lutter contre la précarité, celle des femmes en particulier qui constituent actuellement 80% des temps partiels : elles pourront accéder au temps plein et ainsi augmenter leur salaire ; tandis que les travailleurs actuellement temps plein gagneront du temps et de la qualité de vie via un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle.
Alors que les burnouts, dépressions et malaises au travail ont explosé ces dernières années suite à une pression accrue sur les travailleurs et une volonté du patronat de faire passer la valeur travail au-dessus de toutes les autres, la réduction collective du temps de travail permettra la diminution du stress, de la fatigue, des maladies pour les travailleurs mais aussi plus de motivation.
Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a rebattu les cartes et de nombreux secteurs peinent à trouver des personnes motivées pour effectuer le travail sous une pression managériale agressive : perdre à sa vie à la gagner séduit de moins en moins les nouvelles générations.
Les défis climatiques, sociaux et migratoires qui nous attendent à moyen et long terme nous incitent à réinventer notre manière d’envisager la valeur travail qui doit nécessairement passer par une décroissance, plus de partage et une plus grande ouverture au monde. Ainsi, le système capitaliste amène, via la prédation du Vivant et la marchandisation à tout crin, à plus de catastrophes naturelles, d’injustices et de personnes laissées pour compte.
La réduction collective du temps de travail sans perte de salaire avec embauche compensatoire est une manière très concrète de freiner cette logique mortifère du tout au profit et de diminuer l’emprise du travail capitaliste sur nos vies.
DES SOLUTIONS EXISTENT POUR FINANCER UNE TELLE MESURE
Encore faut-il le courage politique pour les mettre en œuvre ! À nous de construire le rapport de force nécessaire pour y arriver !
- Augmenter le nombre de travailleurs c’est augmenter les revenus de la sécurité sociale.
- Lutter contre la fraude fiscale devrait rapporter 20 milliards d’euros.
- Lutter contre l’évasion fiscale vers les paradis fiscaux .
- Diminuer les subsides salariaux et autres réductions de cotisations patronales accordés au patronat rapporterait 14 milliards d’euros.
- La fin des intérêts notionnels donnerait également une bonne marge de manœuvre.
- Diminuer le chômage de 500.000 personnes épargnerait beaucoup de dépenses à la sécurité sociale.
LE PROJET DU GOUVERNEMENT : UNE ARNAQUE DE TROP !
Le gouvernement Vivaldi veut faire croire aux travailleurs qu’il réduit le temps de travail en passant à quatre jours par semaine.
En réalité, il n’en est rien, il s’agit d’un recul d’un siècle en arrière pour les travailleurs ! En effet, ce gouvernement a flexibilisé l’emploi en remettant en question la journée de 8 heures obtenues de haute lutte par les travailleurs en 1921 et il a augmenté la pression sur l’ensemble du monde du travail en rendant possible des journées longues de près de 10 heures. Où se trouve l’amélioration de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle quand les crèches ferment avant que sonne la fin de la journée de travail ? Où se trouve l’amélioration des conditions de travail quand l’épuisement professionnel guète et se répand chez les travailleurs de tout secteur et met en jeu notre santé physique et mentale ? Comment augmenter notre niveau de vie sans qu’il y ait de création d’emploi, de diminution massive du chômage et quand les salaires restent bas ?
LA CGSP ALR BRUXELLES APPELLE :
- L’ensemble des militants à mettre partout sur la table de négociation cette revendication des 32 heures par semaine en 4 jours pour plus de justice sociale, fiscale, climatique et migratoire. Parce que c’est l’intérêt général de l’ensemble des travailleurs, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, en temps plein comme en temps partiel.
- Les instances de la FGTB et toutes les centrales à la mise en place d’un plan d’action concerté avec la base à la hauteur de l’urgence et à organiser la lutte des travailleurs dans l’objectif d’aboutir à l’application de la semaine de 32 heures en 4 jours sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
- La FGTB à interpeller le front commun syndical afin de mettre en place ce plan d’action.
Au XXème siècle, peu de gens croyaient à la diminution du temps de travail et pourtant nous y sommes arrivés ! Ensemble, on est plus forts !
LE PARTAGE OU LA BARBARIE. NOUS AVONS CHOISI. ET VOUS ?
Bruxelles, le 17 Juin 2022