C’est avec anxiété et colère que la CGSP ALR Bruxelles suit les événements dans l’hôpital Pirogov, le plus grand hôpital de la Bulgarie. La contestation est déjà chose difficile dans le pays. Mais nous faisons face ces derniers jours à une répression sans précédent contre le syndicat des infirmières bulgares (SBMS) et sa section à Pirogov.
Pour mieux comprendre le contexte bulgare, précisons que TOUS les hôpitaux y ont le statut de sociétés commerciales et leur priorité est donc de générer des profits ! Les salaires du personnel de santé dépendent du nombre de patients traités dans chaque hôpital. Ils sont donc payés à l’objectif, ce qui a donné lieu à un grand nombre de mauvaises pratiques, voire à de la corruption. Tous les hôpitaux en Bulgarie, y compris les hôpitaux privés, sont financés par des fonds publics, mais les critères de répartition et de dépense ne sont pas clairs et il n’existe aucun contrôle juridique pour vérifier que les fonds sont utilisés correctement. Cette gestion depuis des décennies a transformé de nombreux médecins et directeurs d’hôpitaux en millionnaires, quand les autres travailleurs du secteur ne bénéficient que de salaires misérables, inférieurs au salaire moyen en Bulgarie.
C’est notamment pour ces raisons que les infirmières se sont engagées depuis plus d’un an sous le mot d’ordre : « La santé n’est PAS une marchandise, c’est une question de sécurité nationale et de droit commun ! Sauver des vies et prendre soin des gens, c’est notre objectif. Pas les profits ! »
Les manifestations et les grèves dans le secteur de la santé se poursuivent depuis plus d’un an. De cette vague de protestation et face à l’immobilité des syndicats existants, est né un nouveau syndicat autonome : le Syndicat des Infirmières Bulgares (SBMS). Composé aussi de sages-femmes, de physiothérapeutes et de brancardiers, le syndicat se bat pour des salaires et des conditions de travail décentes, ainsi que pour mettre fin au commerce de la santé humaine dont nous souffrons tous.
Il y a quelques mois, la direction de Pirogov a tenté d’empêcher la création d’une section du SBMS dans son établissement en lançant une procédure disciplinaire contre la présidente de la section, Boyka Anastasova. Aujourd’hui, la direction a recours à des actions indignes et désespérées pour écraser les soignants rebelles. Un signalement a été lancé à la police contre les principaux organisateurs du SBMS, qui ont été convoqués et interrogés. D’après les questions posées, nous comprenons que la police est le dernier médiateur du « dialogue social ». Elle détermine quel syndicat est « légal » et lequel ne l’est pas. Il s’avère qu’elle a le droit de demander des listes de membres syndiqués et de décider quelles revendications sont légitimes, qualifiant le reste de « chantage » envers des employeurs respectables…
Nous étions déjà habitués à l’utilisation des forces de l’ordre pour intimider les dissidents. Mais cette attaque contre des femmes professionnelles de la santé est juste intolérable ! Par tous les moyens, nous protégerons nos amis et collègues de la SBMS! Nous appelons le public à réagir à cette situation indigne ! Nous demandons la suspension immédiate du directeur de l’hôpital Pirogov Asen Baltov! Les fonctionnaires de police qui ont enfreint la Constitution et ont agi arbitrairement doivent être suspendus de leurs fonctions et faire l’objet d’une enquête !
Soignant.e.s de tous les pays unissons-nous ! La solidarité est notre arme !
Bruxelles, 01/06/2020
La CGSP ALR Bruxelles